Eglise St Martin

L’Eglise d'Aufferville 



Il s’agit d’une petite église de campagne  modeste  qui date du XIIème siècle. Comme beaucoup d’églises elle est orientée vers le levant. La disposition traditionnelle en forme de croix, est peu visible en raison de l’ajout de l’aile de « Jarville » lors du rattachement de ce hameau à la paroisse d’Aufferville au XVème siècle, suite à certains événements décrits en page de Jarville. Aujourd’hui l’église est fermée en dehors de quelques cérémonies comme la plupart des églises de campagne.

Autrefois dans une église  les hommes étaient répartis au sud de la nef et les femmes au nord. Ce n’était pas seulement un lieu de prière et de recueillement: l’état civil y était rédigé , on s’y rendait pour avoir diverses informations comme entendre les édits royaux ou prendre des décisions lors des assemblées villageoises convoquées au son de la cloche haute et intelligible… Ainsi cette assemblée villageoise du 1 er mai 1789 ou la publication de la convocation et la tenue des  » Etats généraux du Royaume  » est lue à l’issue de la messe paroissiale par Mr le curé » . La révolution venait d’entrer à Aufferville.



La séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905* a alloué à la commune l’église et le presbytère. Comme la plupart des églises de campagne celle d’Aufferville est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 18 mars 1926 et se situe dans le droit fil des églises du gâtinais.

* la loi 1905 ne s’applique pas à certaines régions françaises Alsace – Moselle allemandes à l’époque et toujours sous le régime du Concordat de 1801.

Description :



L’histoire générale des départements de 1911 de Pignard-Péguet la décrit ainsi : l’église remonte à la transition (nb: XII ème siécle) . Son clocher en bâtière (toit à deux versants inclinés formant les côtés d’un bât et posé entre deux murs pignons), caractéristique des églises du Gâtinais qu’éclairent de petites baies romanes. Une porte latérale et des culs de lampe à tête de masque du choeur rappellent le 11ème siècle, les piliers rectangulaires le 12ème, les piliers circulaires à feuilles d’eau, les baies du latéral unique et le portail à colonnettes et chapiteaux le 13ème. Les voûtes et le choeur ont été restaurés au XVème ou au XVIème siècle,un pendentif orne une des clefs de voûte.  Le portail est du XIIIème siècle, les fonts baptismaux de pierre datent de 1653, et le retable d’autel XVIIIème siècle sans compter l’ajout du bas coté sud du XV ème siècle.

Le remaniement du XVème siècle :

Aile de Jarville

A droite du portail on distingue   l’ajout de l’aile de « Jarville » qui explique l’aspect asymétrique de l’ensemble.

Portail de l’Eglise

Les cloches et incidents :

– La grosse cloche fut fondue en 1697 par un dénommé Rousseau de Branles. Pesant « 1500  » et bénite par Charles Petipas. Elle eut pour parrain Etienne Cornichon et comme marraine Mathurine Lefebvre.

Un incident assez sérieux marqua l’événement puisque les *marguilliers Etienne Gourdet et Zacharie Picard furent effacés du moule suite à la contestation d’habitants de la paroisse pour les parrains et marraines et refus du seigneur de Morville.

– La cloche Marguerite : la troisième cloche fut bénite le 25 juillet 1711. Son parrain était Joseph Cornichon, laboureur et Maguerite Lamy.

*Le marguillier avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’Église et était chargé de l’administration des biens de la paroisse

Histoires de curés :

En 1673, le « curé » d’Aufferville, Louis de Lucet aimait particulièrement les honneurs et prétendait être seigneur d’Aufferville, afin jouir des droits honorifiques de seigneur. Il avait fait peindre une litre (*) dans l’église. Le parlement de Paris mit fin à ses prétentions par un arrêt de mars 1673. Il put simplement se dire sieur du fief d’Offerville dit Amiard . Cela autorisait le procureur général à compulser (étudier, analyser) chez les fonctionnaires publics et autres personnes tous contrats et autres actes concernant la famille du dit Lucet et la qualité d’écuyer réclamée par ce dernier.

Si le curé  » Lucet  »  défraya plus la chronique que de laisser une réelle action à Aufferville, le curé Petitpas laissera de nombreux témoignages sur lequel se basera l’instituteur Aristide Bougréau pour sa monographie pour l’histoire du village.

On notera l’Abbé Blaise-Raphaël Gibert (1807-1843), prêtre archéologue. Alors qu’il est curé d’ Aufferville il est l’auteur et l’éditeur en 1845 de « Cantiques des paroisses, des communautés religieuses, des maisons d’éducation, des catéchismes, des confréries, mais plus spécialement de celles agrégées à l’archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires ; cantiques recueillis  et mis en ordre et adaptés a des airs de plain-chant littéralement traduits de la musique par B.R. Gibert », œuvre approuvée par Monseigneur l’évêque de Meaux. Il a aussi décrit en détails l’église de Soignolles en Brie au clocher couvert en bâtière, église qu’il compare à celle d’Aufferville : « Les fenêtres allongées, dont le sommet de l’ogive devait être rempli par une ou plusieurs roses, et être identiques à celles de la grande nef d’ Aufferville. »

Bulletin et compte-rendu des travaux de la Société d’histoire et d’archéologie de Brie-Comte-Robert, Mormant-Tournan et la vallée de l’Yères. 1901 . Source : bnf.fr

 (*) Une litre funéraire ou litre seigneuriale ou litre funèbre, ou encore ceinture funèbre était, sous avant la Révolution, une bande noire posée à l’intérieur et parfois même à l’extérieur d’une église pour honorer un défunt.

Les infortunes de l’église à travers un hommage : Avec un peu d’attention on peut lire que la vie de cette église eut quelques infortunes avec celle de Chatenoy. On ne connaît pas la nature des désordres auxquels Alexandre du Grou a du faire face, mais compte tenu de l’hommage rendu ils devaient être d’importance.



Cy gist M.gr Alexandre du Grou curé de cette Paroisse qui a gouverné pendant 13 ans avec un zèle et une charité digne d’un vénérable pasteur. Auparavent il avoit esté 8 ans curé de Chatenois. Ces deux eglises qui estoient avant luy en très grand désordre ont esté reparez par ses soins. Il mourut le 22 avril 1694 age de 50 ans. Autant regretté par son mérite que par les secours qu’en recevoient les pauvres et son eglise ou il a fondé un Annuel* . Pour le repos de son âme et celle de sa mère qui y est aussy enterrée

* En liturgie, se dit des principales fêtes Pâques , Pentecôte On distingue l’ Annuel majeur, fête du premier ordre et l’Annuel mineur, fête du second ordre

Période révolutionnaire :

L’église fut abandonnée à la république un temps mais ne semble pas avoir souffert de cette période agitée. Le curé Jean Charles Collin a vécu toute cette période ou il présida à la création de la nouvelle municipalité le 7 décembre 1790. Le culte ne pouvant plus être célébré dans la paroisse, il dut se retirer à Nemours après inventaire et avoir remis les clefs du presbytère. Il ne put en revenir qu’après avoir reconnu obéissance et soumission aux lois de la république. Le curé Collin qui faisait salle comble, est mort à Aufferville le 14 janvier 1816. Il y était depuis 1770.

Le presbytère  fut transformé en dépôt de grains. Vendu comme bien national en 1796 la commune le racheta en 1823 .

Les principaux travaux :
– XIII XIVème siécle : au sud un bas côté de 3 travées auraient été édifié adossé au clocher
– XVème XVIème siècle :2 autres travées sont ajoutés ce qui donne l’aile dite de Jarville donnant un aspect asymétrique à l’ensemble et des problèmes récurrents sur la charpente
– 1864 : L’ancien cimetière est déblayé et provoque un dommageable déchaussement de 60 cm. On peut voir l’ancienne porte qui permettait d’y accéder.


– 1898 : 1898 on refait les enduits extérieurs en ciment
– 1913- 1918 : Le plafond en frisette remplace le plancher de la nef
– 1998 : consolidation de la charpente de la nef et remplacement du plafond en frisette
– 2014 :  D’importantes rénovations sont effectuées en particulier la consolidation des contreforts latéraux qui assurent la solidité de l’ensemble, leur fragilité entraînant des désordres dans l’édifice. L’autre point prioritaire fut la réfection de la couverture du choeur.

Origine du nom
Saint Martin 317-397, né en Hongrie était un légionnaire, fils d’un tribun militaire. Affecté en Gaule et n’ayant plus d’argent déjà distribué aux pauvres, il partagea en plein hiver son manteau par moitié avec un déshérité (les légionnaires finançaient leur tenue par moitié et l’autre l’étant par Rome) en 338 à Amiens. Peu adepte des affaires militaires, et critiques envers les prêtes qui se parti de robes pourpres, il évangélisa les campagnes de la Gaule juché sur un âne. C’est la raison du nombre d’églises de lieudits et patronymes du nom de Martin.  Il devint évêque de Tours.

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